Être une famille de pension comporte son lot de joies et de moments déchirants. À tout moment, le joueur peut être échangé. Depuis deux ans, notre famille accueille un joueur de l’Océanic de Rimouski. La dernière période de transactions prévue au calendrier de la LHJMQ s’est déroulée durant le congé de fêtes. 

À la fin-décembre, nous profitions pleinement du temps d’arrêt en plein air. En rentrant pour prendre l’apéro, mon conjoint et moi remarquons de nombreux appels manqués sur nos cellulaires. Ces appels provenaient de la famille de notre joueur et des responsables de pension. Il n’a suffi que d’un regard pour comprendre ce qui se passait…

 

Notre joueur est échangé

Nous étions sous le choc, sans mot. C’était complètement irréel! J’avais le sentiment d’être dans un mauvais rêve. Avec mon conjoint, nous avons choisi de ne rien dire pour l’instant à fiston. Nous savions que le choc serait brutal pour lui aussi.

Nous avons donc pris un temps pour s’arrêter et faire une pause pour accueillir la réalité. Ce genre de transaction se déroule si rapidement. Nous avons appris les détails de l’échange sur les réseaux sociaux, avant même d’avoir parlé avec notre joueur et l’équipe. C’est à ce moment que nous avons constaté qu’il s’agissait d’une superbe transaction pour toutes les parties impliquées!

 

Malgré tout, les émotions s’entrechoquaient dans nos têtes… et nos cœurs! On ne pouvait qu’être heureux pour notre joueur. Nous étions ainsi partagés entre la tristesse de savoir qu’il allait quitter notre bulle familiale, mais en même temps, tellement fiers et confiants pour son développement, son avenir.

Famille de pension Isaac Béliveau - mon joueur est échangé

Pensionnaire à ami pour la vie

Notre joueur est un humain hors du commun. Ce jeune homme nous a apporté autant, sinon plus que ce que nous avons pu lui transmettre. Il nous a même proposé d’annoncer lui-même l’échange à fiston. Sachant que notre fils est très émotif de nature, nous nous sommes chargés de la tâche. 

Le plus beau dans tout ça, c’est de voir après coup notre garçon et notre joueur se parler au téléphone et se promettre de demeurer des amis pour la vie. Entendre une telle conversation a fait surgir un lot d’émotions dans notre cœur de parent.

Famille de pension Isaac Béliveau

Départ et émotions

Alors que l’annonce de l’échange se répandait sur les médias sociaux, nous recevions un lot de messages d’encouragements de la part des autres familles de pension. Cela nous a profondément touchés. 

J’ai réalisé l’ampleur de tout ce soutien le 1er janvier lorsque notre joueur est venu récupérer ses effets personnels. J’ai tenté d’être forte. Pour lui. Pour fiston. Mais au moment de lui dire au revoir, ma force a laissé place à l’émotion. Nous sommes tous humains.

Ce moment restera gravé à tout jamais dans ma mémoire. Notre joueur a remis quelques souvenirs à mon fils, dont un doudou à l’effigie de l’Océanic. Chaque soir, lorsqu’il se couche, je le vois bien emmitouflé dans ce doudou qu’il chérit et serre dans ses bras, tel un précieux trésor. 

 

Chaque soir, j’ai une pensée pour mon ancien joueur qui trace sa propre voie, avec confiance et détermination.

Famille de pension Isaac Béliveau - mon joueur est échangé

La 2e famille

Ce jeune de 16 ans est arrivé chez nous en 2019. Il quittait alors son nid familial pour la toute première fois. Il a fait partie intégrante de notre famille, puis de notre bulle familiale. On le laissait seul, parfois, le temps d’un tournoi de hockey avec fiston et on s’inquiétait! Il nous accompagnait chaque fois que c’était possible dans nos sorties familiales. C’est un jeune homme de 18 ans qui a quitté notre domicile le 1er janvier dernier.

 

Le jeu en vaut la chandelle

En tant qu’adultes, nous avons des outils pour traverser cette épreuve et voir le positif. Pour notre fils, c’est plus laborieux. À 9 ans, il vit le deuil d’un grand frère, d’un meilleur ami. C’est un apprentissage difficile. 

Le jeu en vaut toutefois la chandelle. Grâce à cette belle relation que nous avons tissée en accueillant un joueur de hockey au sein de notre famille, notre fils a la chance d’avoir dans sa vie un grand et beau modèle. La proximité est maintenant différente, mais la relation perdure. 

Je ne pensais pas qu’un jour je raconterais cette histoire. En fait, je savais que ça pouvait arriver, mais je ne croyais pas l’écrire cette année. On souhaiterait pouvoir repousser ce moment inévitable aussi longtemps que possible. Vivre dans le déni à chacune des périodes de transactions. Mais c’est aussi ça, le hockey. Faire la rencontre de gens exceptionnels, que nous devons ensuite laisser partir pour les laisser grandir, évoluer.

 

Pour entendre le témoignage d’Anick Dumaresq, regardez la Discussion d’aréna.