L’anticipation. La fébrilité. Je me souviens encore de l’époque où je jouais et qu’on se préparaient à partir en tournoi ou en championnat et tout particulièrement si nous devions prendre l’autobus pour s’y rendre. Être avec notre gang, se sentir imbattable avec nos couleurs et logos distinctifs. La préparation des bagages, s’assurer de ne rien oublier. Ce sentiment enivrant, quand on quitte la maison avec ses valises, son optimisme candide et ses espérances. J’avais les mêmes impressions à mon départ pour le Championnat National. Un groupe qui veut, un groupe qui y croit et qui avait bien hâte que ça débute.

Championnat par Stéphanie Poirier
Moi sur mon départ au championnat

Un championnat, c’est aussi un marqueur de temps

La fin d’une saison, la fin d’une carrière pour certaines joueuses. Les petits moments deviennent encore plus significatifs. Être en équipe, pratiquer ensemble pour la dernière fois avec l’édition courante, la dernière pratique pour certaines, qui apporte toujours son lot d’émotions.  Après le classique banquet annuel, où tout le monde se met sur son 36, prend des photos, assiste à une remise de prix et mange un bon souper, le fameux premier match arrive enfin. Le quart de finale national. Il faut le remporter. Des mois de préparations à tenter de régler les moindres détails pour s’assurer de gagner ce match-là! Celui qui permet de jouer pour une des 3 médailles nationales.

C’est parti

La foule a été extraordinaire. Quand on parle du 7e joueur qui peut aider son équipe, et bien, ce fût le cas ce soir-là. Les joueuses sont sorties extrêmement fortes. On a bien exécuté notre plan de match en ce début de championnat. La première victoire était alors au compteur. Le vendredi, journée de congé pour nous. Journée avec une plus grande légèreté et un sentiment renforcé qu’on pouvait accomplir ce dont on rêvait depuis 1 an. Gagner chez nous.

Je me pose souvent la question, à savoir si c’est plus difficile de perdre un match important en ayant été dominé par l’adversaire ou perdre alors qu’on considère avoir eu la meilleure performance d’équipe? On se dit fier puisqu’on a eu la performance qu’on espérait, mais en même temps il ne reste rien. C’est la victoire ou la défaite, point final. Ce samedi après-midi de mars, la gardienne de l’équipe adverse a eu un match extraordinaire. Elle a été nommée joueuse du match et c’est face à elle que notre rêve de remporter la médaille d’or à la maison s’est envolé. Une défaite crève-cœur de 3-2. C’est un sentiment de vide que j’ai ressenti en premier. Un peu comme si on devenait soudainement dans un monde en apesanteur, où les choses tournent au ralenti. Est-ce possible que ça se termine ainsi? On voulait plus, pour nous, pour elles, pour tous les gens qui ont travaillé sur cet événement. C’est la dure réalité du sport et c’est difficile. Difficile de voir ses vétérantes qui terminent leurs parcours en ne pouvant plus jouer pour le prix ultime. Le côté rationnel en prend un coup et l’émotivité, mêlée à l’immense déception, est envahissante.

Championnat universitaire

Ce n’est par terminé

Le défi devient alors de se relever nous-même puis aider nos joueuses à le faire. Quand il reste encore une chance de gagner une médaille nationale, on continue. On donne tout pour tenter de terminer en souriant, avec une médaille au cou. On veut ressentir cette fierté de gagner une médaille d’un championnat national parce que terminer avec une médaille de bronze, ça veut aussi dire terminer avec une victoire et ça c’est important.

Malheureusement, le scénario souhaité ne s’est pas produit. Malgré une belle remontée et plusieurs excellentes chances de marquer, une nouvelle défaite de 3-2. À nouveau, la joueuse par excellence du match, la gardienne adverse. Nouvelle déception, nouveau sentiment d’échec. C’est la fin. La fin d’une saison, la fin d’un rêve, la fin d’un parcours pour plusieurs. C’est la tristesse qui prédomine. La tristesse qu’on ressent pour soi-même, parce que gagner amène des sentiments tellement forts et exaltants. La tristesse qu’on voit sur le visage des joueuses demeure pour moi le plus difficile. On partage leur douleur et on aimerait pouvoir la diminuer, mais c’est impossible. Ces défaites deviennent donc des cicatrices qui parlent de notre histoire. Elles prennent du temps à se refermer puis, elles s’atténueront tout en demeurant toujours présentes.

Championnat
Avec quelques membres du staff, post gala. Dans l’ordre de G à D. Philippe Trahan, Simon Hardy, Adèle Morency Dansereau, Mathieu Mallette-Gamache, Édouard Proust, moi-même, Lily Trang Huynh, Théo Lambert

Terminer 4e au pays de ce championnat est évidemment plus que respectable, malgré ma conviction que nos performances étaient dignes d’un podium. C’est donc avec un mélange de fierté, de tristesse et d’espoir dans le futur que le coach rentre à la maison, pour du temps en famille bien mérité.