Pour permettre la tenue d’un match dans la Ligue nationale de hockey, il faut des arbitres et juges de ligne, mais aussi des officiels hors-glace. Ces derniers étant les personnes qui s’occupent des reprises vidéos, des statistiques comptabilisées, de la congélation des rondelles et autres. Stéphanie Normand fait partie de cette liste. On le sait, les arbitres se font souvent huer, insulter et crier des noms de toute sorte. Imaginez quand vous êtes une femme qui fait ce métier. 

Depuis tout récemment, l’ancienne arbitre Stéphanie Normand travaille pour la LNH. Elle est appelée à assister le juge vidéo du Centre Bell. C’est elle qui découpe les vidéos selon les 18 angles de vue disponibles, de sorte que tout le monde peut faire son travail convenablement. D’ailleurs, selon ses dires en entrevue et discussions venant de ses collègues, elle est la première femme à occuper ces fonctions lors des matchs des Canadiens de Montréal.

Comment fonctionne le processus décisionnel d’une reprise vidéo?

Lors d’une entrevue, cette officielle hors-glace a parlé de ses nouvelles fonctions reliées au hockey. « Les deux juges vidéos sont Dave Taveroff et Doug Hayward. Dans notre loge sur la galerie de presse, on a environ 18 angles de caméra. Le juge vidéo et le superviseur des arbitres sont avec nous. […] À chaque but, il nous faut le meilleur angle possible pour déterminer si la rondelle est complètement entrée. Sur un poteau, est-ce un vrai poteau ou bien la rondelle n’est-elle pas complètement entrée? Sur la possibilité d’un hors-jeu, il se peut qu’une équipe conteste la décision. À ce moment, il faut agrandir et avoir le meilleur angle de caméra possible », explique Stéphanie Normand.

Lors des situations précises avec les reprises vidéos, c’est un travail d’équipe. « En cas d’obstruction sur le gardien, de hors-jeu, de bâton élevée ou d’une déviation sur un patin, le juge vidéo communique directement avec la centrale située à Toronto. Il va donner ses commentaires et écouter la discussion entre les arbitres et Toronto », aborde-t-elle.

Stéphanie Normand souligne aussi l’évolution de la technologie.

« Aujourd’hui, c’est à la fine pointe de la technologie. Dans le temps où j’étais aux Jeux olympiques, en 2006, il y avait des reprises vidéos. On n’avait pas de tablette. Au Centre Bell, il y avait des cassettes! Il fallait reculer et avancer ! »

 Stéphanie Normand

Un travail d’équipe

De plus, son travail vient aussi en aide aux officiels hors-glace. Par exemple, sur des buts, il faut revoir les reprises pour savoir qui auront les passes en cas de déviation. Quelle est la journée de match de Stéphanie Normand ? En arrivant, elle va vérifier que toutes les caméras sont fonctionnelles.

Au cours de cette entrevue, il fut question du fameux protocole des commotions cérébrales. « Quand un joueur tombe sur la glace, il se peut que le superviseur du protocole vienne nous voir pour savoir si un joueur est tombé sur la tête », mentionne la native des Laurentides. Le superviseur des commotions est d’ailleurs en contact avec les médecins de la LNH qui sont à New York.

Le parcours inspirant de Stéphanie Normand

Le cheminement de Stéphanie Normand a commencé lors de ses études au secondaire. Elle se cherchait une façon de gagner de l’argent de poche. Celle-ci a donc été chronométreuse à son aréna de quartier. Deux ans plus tard, elle est devenue arbitre. Dès son premier match, elle a eu la piqûre pour ce métier.

Elle souhaitait alors arbitrer à un plus haut niveau. Après les tournois régionaux, elle voulait monter au niveau provincial et par la suite, au niveau national. Son premier champ canadien a été en 1995, à Summerside à l’Île du Prince-Édouard. Plusieurs superviseurs lui ont proposé d’améliorer son coup de patin afin de l’aider à se rendre à un plus haut niveau. Elle s’est prise en main. «Je ne me fiais qu’à mon jugement. J’ai commencé à améliorer mon coup de patin. […] Par moi-même, j’ai pris des cours de power skating et me suis entraînée avec un programme spécial», évoque Stéphanie Normand.

Ses efforts furent récompensés lorsqu’elle participa à un premier Championnat mondial du pool B en Alsace. Elle fut d’ailleurs sélectionnée pour le match de la médaille d’or. Stéphanie a aussi été officielle lors d’un mondial du pool A, la plus haute division. Évidemment, afin de rester impartiale, elle n’a pas arbitré des matchs du Canada, mais a été en charge du match de la finale de bronze.

Stéphanie Normand, officielle   Stéphanie Normand et Stéphane Richer

Jeux olympiques de Turin

Le 17 septembre 2005, Stéphanie Normand reçoit un appel spécial.

«J’étais au travail et c’est le coordonnateur des arbitres chez Hockey Canada qui voulait me parler. Il me dit: “Tu as été sélectionnée pour arbitrer aux Jeux olympiques de Turin en février 2006.” C’était un moment extraordinaire. C’était incroyable d’apprendre cette nouvelle.»

Elle se souvient encore d’avoir vu des joueuses de renom comme Hayley Wickenheiser, Angela Ruggiero, Cammi Granato, Kim St-Pierre, Charline Labonté et plusieurs autres. Son meilleur match à vie fut entre les États-Unis et la Finlande. «Quand je suis arrivée dans le vestiaire après le match, j’ai demandé à mes juges de ligne s’il y avait de la musique qui jouait dans l’amphithéâtre, raconte Stéphanie Normand. J’étais tellement concentrée à arbitrer, à vouloir bien faire les choses et à prendre des bonnes décisions.»

   

La réalité des arbitres selon Stéphanie

À travers sa carrière, cette officielle s’est créée une carapace. «Je me suis fait crier de retourner dans mes chaudrons pendant 20 ans. J’ai appris à aimer ça et ça commençait à ne plus me déranger. Je ne voulais pas me faire démolir», mentionne-t-elle.

Ma discussion avec Stéphanie s’est terminée avec une vague d’espoir pour l’avenir des femmes dans l’arbitrage :

«De plus en plus de femmes cognent à la porte. J’ai donné des sessions d’informations et des filles sont en train de monter. Elles doivent mettre beaucoup d’efforts sur la connaissance des règlements et dans la mise en forme.»

J’ai confiance de voir de plus en plus de Stéphanie Normand et d’Élizabeth Mantha sur nos glaces !