Vous avez été plusieurs à me questionner sur l’affaire du viol collectif impliquant Hockey Canada. Je vous avoue avoir pris mon temps, lu et posé beaucoup de questions.
Est-ce que je dois porter mon chapeau de maman, de victime, de gestionnaire, d’animatrice ou de partenaire? Je vais plutôt y aller simplement avec mon cœur.
Tout d’abord, il est évident que je condamne les gestes posés dans cette affaire. Un non, c’est un non. Si vous me suivez depuis quelque temps, vous savez que j’ai été victime d’un joueur de hockey qui n’a pas respecté mon « NON » désir d‘aller plus loin, comme j’en faisais part dans ma chronique parlons consentement de l’été dernier.
Il est temps que notre société arrête d’avancer à deux vitesses. Que les joueurs de hockey arrêtent d’être mis dans une catégorie particulière et qu’ils soient jugés différemment. J’aimerais qu’on arrête d’utiliser l’expression « Boys will be boys » pour excuser tous les comportements.
N’ayons pas peur d’en parler
Il est important d’éduquer, de parler et de rappeler à nos jeunes la notion de consentement. Et comme adulte et parent, nous pouvons faire la différence. Vous ne savez pas trop comment aborder le sujet? Je vous invite à suivre le programme pour les parents du Groupe Respect de Sheldon Kennedy.
Déjà, si on prend le temps d’analyser et de faire attention à ce que nous disons, c’est déjà un pas dans la bonne direction.
Dans l’affaire du viol collectif, je peux comprendre la jeune fille de vouloir garder l’anonymat et de ne pas divulguer le nom des personnes impliquées. Je n’ai jamais porté plainte ni publiquement nommé mon agresseur. On se dit que c’est mieux ainsi et que nous avons plus à perdre qu’à gagner. Cela semble si simple de pouvoir oublier. Mais malheureusement, ce ne l’est pas et encore moins dans ce cas-ci.
Quel message véhicule Hockey Canada?
Je n’ai pas tous les éléments en main, mais j’ai de la difficulté à comprendre pourquoi la direction de Hockey Canada a payé sans connaître le nom des personnes impliquées. Je ne comprends pas comment ils ont pu accepter de payer sans sanctionner les jeunes impliqués. Comme plusieurs, je suis abasourdie par la façon dont ce dossier a été géré.
J’ai aussi de la difficulté avec la perception que ce genre de règlement diffuse. C’est comme si on lançait le message à ces jeunes que si tu es un joueur de hockey de talent, le respect et les lois ne s’appliquent pas à toi.
J’ai un profond malaise de savoir que les joueurs impliqués dans cette affaire puissent, sans impunité, continuer leur carrière dans le hockey. Il est fort probable que nous en regardons certains à la télé en ce moment même.
Les impacts sur notre sport
Et que dire de l’image négative qui entache le reste de la communauté de hockey? N’oublions pas que la majorité des individus dans le milieu du hockey sont respectueux. Je gravite dans cet univers depuis ma tendre enfance et je peux vous confirmer que les joueurs sont majoritairement dans la bonne catégorie. Mais en même temps il y a cette culture du gars macho dominant qui persiste.
Alors, je pense qu’on doit revoir la gouvernance de notre système de hockey canadien. Attention! Je ne dis pas de tout changer, car il y a beaucoup de belles initiatives et de bonnes personnes au sein de Hockey Canada. Mais nous devons clairement nous pencher sur ce problème et faire un bon ménage.
Souhaitons que la lumière soit faite dans ce dossier.
Espérons que nous pourrons apprendre et corriger les failles de notre système.
Certains diront que je suis trop optimiste, mais je crois sincèrement que nous pouvons apprendre et sortir gagnant de cette histoire.
Je l’espère sincèrement,
Isabelle
Isabelle Ethier
Vraie passionnée des gens et de sports, Isabelle a fondé Femme d'Hockey en juin 2020.
Son énergie contagieuse a certainement contribué au succès de plusieurs initiatives, particulièrement auprès du Chaînon où elle a cofondé Reluxe un événement original alliant philanthropie et mode afin de supporter les femmes en difficulté.
Pour Isabelle, le hockey est avant tout une histoire de coeur et une tradition familiale. Fière de transmettre cette passion, elle s’est lancée le défi de valoriser la place des femmes dans l’univers des médias sportifs.