Les gens qui travaillent à l’entretien d’une patinoire sont souvent oubliés. Pourtant, la qualité de la glace est tellement importante. Sans glace, les hockeyeuses et les hockeyeurs ne pourraient pratiquer leur sport.
La qualité de la glace : une grande passion pour François Martindale
Depuis 30 ans, François Martindale travaille sur cet aspect de notre sport national. Pendant un quart de siècle, il a été à l’emploi des Canadiens de Montréal. Il a également travaillé quatre ans avec les Kings de Los Angeles. Il collabore actuellement avec la compagnie Phaneuf international pour donner de la formation au Québec.
L’histoire de François Martindale est un véritable conte de fée. Plusieurs personnes ne croiront pas à ce parcours.
«Je travaillais pour le gouvernement du Québec à titre de cadre pendant 18 ans et je m’occupais des bâtiments. Un jour, en ouvrant Le Journal de Montréal, j’ai vu que Les Canadiens de Montréal avaient fait paraître une annonce demandant un contremaître des services techniques. Avec mon expérience en entretien de bâtiment, j’ai pris ma chance. On était entre 300 à 350 personnes à avoir envoyé notre cv. […] J’ai eu le poste en 1994 et j’ai passé les 25 années suivantes avec l’équipe: sortir du Forum de Montréal, entrer au Centre Molson, 17 années consécutives avec la meilleure qualité de glace dans la Ligue nationale. J’ai laissé ça en première position quand j’ai quitté.»
Relever le défi avec les Kings
Par la suite, l’expert de la glace prend une pré-retraite et voilà que certaines équipes le contactent. Or, les Kings de Los Angeles ont été agressifs sur le dossier et la situation de l’organisation représentait un beau défi pour Martindale.
«C’était vraiment intéressant, parce qu’ils étaient loin dans le classement de la qualité de la glace. Ça me donnait un défi plus intéressant. Travailler pour une équipe hautement classée pour la qualité de la glace, je n’aurais que maintenu ça, alors qu’avec les Kings, on partait du bas fond pour monter vers la cinquième ou sixième position.»
La qualité de la glace est très importante. D’ailleurs, Martindale explique comment les patinoires peuvent être construites.
«Il y a deux techniques pour créer une patinoire: avec un fond en sable ou un fond en béton. Le Centre Bell et tous les nouveaux arénas sont faits en béton. Il y a une grande différence entre les deux techniques sur les températures, le transfert de chaleur (beaucoup plus rapide sur un fond de béton), l’eau, la réfrigération, etc. Les systèmes ont tellement évolué.»
Il raconte d’ailleurs le changement d’amphithéâtre à Montréal, alors que le CH avait déménagé du Forum au Centre Molson en 1996.
«On a quitté le Forum avec des baies vitrées en verre trempé et des bandes en acier et en bois. On est arrivé au Centre Molson avec une base en béton qui changeait notre façon de faire, avec des bandes en aluminium, etc.», se rappelle Martindale.
Les principaux défis en carrière
François Martindale a eu plusieurs défis au cours de sa carrière. Le plus gros fut la tenue des matchs à l’extérieur. Le Québécois a d’ailleurs travaillé sur la patinoire de la première Classique héritage de l’histoire du circuit Bettman qui s’est déroulé à Edmonton, dans un froid sybérien.
«Tout était à faire. Tout, tout, tout. Il n’y avait rien. On n’avait pas les systèmes d’aujourd’hui. On n’avait pas la proximité des garages. C’était le premier match de la sorte. On ne s’était jamais organisé en fonction de ça. Ce fut extrêmement difficile. On a fait du sable dans le Commonwealth Stadium en plein hiver! On a eu une très belle glace. C’était un calvaire! À 5 minutes de l’événement, on se posait encore la question sur la tenue de la Classique. On n’avait pas besoin de réfrigération artificielle, parce que la glace était trop froide.»
Un autre moment d’adversité a été de travailler avec le taux d’occupation de l’amphithéâtre des Kings de Los Angeles. L’amphithéâtre n’est pas seulement occupé par la formation présidée par Luc Robitaille, mais aussi par les Clippers et les Lakers dans la NBA, les Sparks de la WNBA ainsi que les nombreux spectacles au cours de l’année.
L’effet de travailler avec les Canadiens
Quand vient le temps de s’exprimer sur le fait d’être un employé du Club de hockey Canadien, François Martindale montre beaucoup de reconnaissance. Il souligne que le CH a été très important pour lui dans sa carrière.
«Travailler pour les Canadiens aura été un honneur. Ce n’est pas François Martindale qui a apporté aux Canadiens de Montréal, oui peut-être à la longue avec mon expérience, mais ma chance dans la Ligue nationale de hockey et ma chance de me faire valoir partout dans le monde, c’est sans aucun doute grâce aux Canadiens qui m’ont fait confiance pendant 25 ans.»
Il a aussi beaucoup de respect en Pierre Gervais qui a été gérant de l’équipement du Tricolore pendant 35 ans.
«Quand j’ai su qu’il prenait sa retraite en même temps que moi, j’ai trouvé ça spécial. J’ai un grand respect pour lui. Il a été dans le hockey pendant plus longtemps que moi. Souvent, l’équipe passait par Pierre pour me donner des messages importants quand je m’occupais du bâtiment au complet. J’ai très souvent parlé avec lui. Quand je suis arrivé dans l’organisation, il était déjà là et quand j’ai quitté, il était encore là.»
Est-ce qu’il y a assez de reconnaissance pour les gens qui travaillent à l’entretien de la glace?
«Je ne veux pas être défaitiste, mais quand tu es un employé de soutien, la reconnaissance ne vient pas facilement. Je dis ça pour n’importe quel domaine de travail. […] On entend parler de la haute direction quand ça ne va pas bien. […] Dans les dernières années, il y a une plus grande ouverture. Ça s’est beaucoup amélioré. Depuis cinq ans, les organisations commencent à comprendre qu’on a une part importante.»
Aujourd’hui, François Martindale fait de la formation auprès des plus jeunes. Il tient à redonner au suivant. Par ailleurs, ce pionnier au Québec en matière d’entretien de la patinoire a voulu livrer un message aux plus jeunes.
«Impliquez-vous dans les arénas. Intéressez-vous à ça. Formez-vous. Commencez jeune!»
Tristan Mac
Tristan, étudiant en Journalisme à l’UQAM, est un grand passionné de hockey et souhaite pouvoir véhiculer les valeurs humaines du sport. Impliqué dans le hockey féminin depuis 2018, il est à la description des matchs des équipes de hockey du Boomerang du Cégep André-Laurendeau et travaille aussi dans le monde des médias.